Entre guillemots*... Une catégorie d'actualités où les textes sont à l'honneur.
En voilà un de 1945, que l'on doit à Jean Boyer.
Réarrangé en 2003 par Les Petites Bourrettes dans l'album • Comme des rois • et mis en images avec grand talent par Vincent Burgerin. Un clip de 2006 qu'on ne se lasse définitivement pas de regarder !
Cette chanson, initialement interprétée par Georges Tarbet et rendue célèbre par Georges Brassens, figure également sur le double album • Fausses notes & Repris de Justesse • des Ogres de Barback.
Une satire indémodable.
Pour me rendre à mon bureau... J'avais acheté une auto
Une jolie traction avant qui filait comme le vent
C'était en juillet trente-neuf, je me gonflais comme un boeuf
Dans ma fierté de bourgeois d'avoir une voiture à moi
Mais vint septembre et je pars pour la guerre. Huit mois plus tard, en revenant
Réquisition d'ma onze chevaux légère. "Streng verboten" provisoirementPour me rendre à mon bureau... Alors, j'achète une moto
Un joli vélomoteur qui fait du quarante à l'heure
A cheval sur mon teuf-teuf, je me gonflais comme un boeuf
Dans ma fierté de bourgeois de rentrer si vite chez moi
Elle ne consommait presque pas d'essence mais presque pas, c'est déjà trop
Voilà qu'on me retire ma licence, j'ai dû revendre ma motoPour me rendre à mon bureau... Alors j'achète un vélo
Un très joli tout nickelé avec une chaîne et deux clés
Monté sur des pneus tous neufs, je me gonflais comme un boeuf
Dans ma fierté de bourgeois de rentrer si vite chez moi
J'en ai eu coup sur coup une douzaine, on m'les volait périodiquement
Comme chacun d'eux valait le prix d'une Citroën, je fus ruiné très rapidementPour me rendre à mon bureau... Alors, j'ai pris le métro
Ça ne coûte pas très cher et il y fait chaud l'hiver
Alma, Iéna et Marboeuf, je me gonflais comme un boeuf
Dans ma fierté de bourgeois de rentrer si vite chez moi
Hélas, par économie de lumière, on a fermé bien des stations
Et puis ce fut, ce fut la ligne toute entière qu'on supprima sans rémissionPour me rendre à mon bureau... J'ai mis deux bons godillots
Et j'ai fait quatre fois par jour le trajet à pied aller-retour
Les Tuileries, le Pont-Neuf, je me gonflais comme un boeuf
Fier de souffrir de mes cors pour un si joli décor
Hélas, bientôt, je n'aurai plus d'godasses, le cordonnier ne ressemelle plus
Mais en homme prudent et perspicace, pour l'avenir, j'ai tout prévuJe vais apprendre demain à me tenir sur les mains
Les Petites Bourrettes • Pour me rendre à mon bureau
J'irai pas très vite, bien sûr mais je n'userai plus de chaussures
J'verrai l'monde de bas en haut, ça sera peut-être plus rigolo
J'y perdrai rien par surcroît... Il est pas drôle à l'endroit !
Sur un texte original de Jean Boyer
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